LE PISTOLET AUTOMATIQUE DE VITESSE OLYMPIQUE UNIQUE D.E.S. 823 U par Loys Dauviec Devant le succès incontestable remporté sur les pas de tir internationaux par son pistolet automatique “D.E.S. 69 Standard U.I.T.” (voir Gazette des Armes n°115) la M.A.P.F. (Manufacture d’armes des Pyrénées françaises), plus connue sous la dénomination de “Unique”, décidait d’aborder le tir de vitesse olympique U.I.T. avec une arme spécifique à cette discipline. Le D.E.S. 69, dont la réputation était maintenant établie auprès des tireurs de compétition, servit de plate-forme de départ, en 1973, au pistolet de vitesse olympique Unique. Du prototype on passe assez rapidement au modèle “V.O. 1”. L’évent de décompression, latéral, passe sur le dessus du canon et la culasse est allégée. En arrière de cette dernière est monté un amortisseur qui permet l’utilisation de toutes les cartouches même les plus puissantes. Le chien et le ressort récupérateur sont désaxés par rapport au canon. Le reproche majeur que lui font les tireurs porte sur la volumineuse carcasse en acier qui implique une forte main et qui ne permet pas de “creuser” le bois. Certains tireurs lui reprocheront également son manque d’équilibre occasionné par la lourde carcasse. Pour pallier ces défauts et mettre sur le marché de la Vitesse Olympique, où Walther et Domino semblent s’implanter, une arme mieux adaptée à cette discipline, la M.A.P.F. repense entièrement le problème en concevant son mécanisme sur la.22 court et non plus sur la.22L.R. Pour contrer le déséquilibre, l’alliage léger vient remplacer l’acier de la carcasse, ce qui autorise, pour un poids quasi identique, l’alourdissement de l’avant par un fourreau plus étoffé. Le chien vient logiquement dans l’axe du canon entre deux ressorts récupérateurs. Par contre, sur le plan encombrement de la poignée, l’on a peu gagné de par la présence du chargeur inutilement long qui la traverse de bas en haut et empêche de penter davantage cette poignée sur laquelle on peut creuser un peu plus, mais pas suffisamment… et les “petites mains” continuent à se plaindre de ce V.O. 79. Et pourtant le pistolet se classe premier aux championnats de France en 1979, 1980 et 1981, portant le record national à 597 points. En optant pour un pistolet avec char- Le pistolet automatique de vitesse olympique Unique 1 D.E.S. 823 U. geur court introduit par le dessus, l’on pouvait arriver à une carcasse à poignée extrêmement réduite, le terme “moignon” utilisé par J.-R. Germont dans “les Cahiers du pistolier” nous a semblé fort judicieux, poignée qu’il serait possible de penter de façon optimale tout en laissant suffisamment de “bois” à la poignée anatomique pour être “creusée” à outrance pour les toutes petites mains… C’est ainsi qu’est né à Hendaye, en début d’année, le tout nouveau pistolet de vitesse olympique “Unique D.E.S. 823 – U”. DESCRIPTION Le pistolet D.E.S. 823- U est, en général, livré dans un emballage en polystyrène expansé moulé contenant le pistolet, deux chargeurs, une baguette de nettoyage “à lanterne” en laiton, une clé Allen et un tournevis à lame permettant d’effectuer les différents réglages. Bien entendu, le certificat de garantie et celui du banc d’épreuve de Saint-Étienne, la cible d’essai, la notice de montage et de réglage ainsi qu’un insigne brodé “Unique” sont livrés à l’intérieur de la boîte. Moyennant un supplément, l’arme, et tous ses accessoires, peut être fournie dans un luxueux coffret en skaï grené noir doublé intérieurement de matériau L’Unique “D.E.S. 823 —U”, une esthétique remarquablement fonctionnelle. (Photo L Dauviec.) mousse compartimenté qui est en fait celui du D.E.S. 69. D’après la vue éclatée illustrant la notice, le pistolet 823-U se compose d’une centaine de pièces élémentaires que l’on peut regrouper en 8 ensembles principaux : – l’ensemble carcasse/canon : platine (A) ; – le fourreau et son contrepoids ; – la culasse équipée ; – les ressorts récupérateurs et leur guide ; – l’amortisseur et son ressort ; – la poignée anatomique ; – l’appui-main et – le chargeur. L’ensemble carcasse/canon/platine Comme on peut le voir sur les photos illustrant cet article, la carcasse diffère considérablement de celle du D.E.S. 69. Ici l’alliage léger usiné a remplacé l’acier. Le sablage fin lui confère une surface mate du plus heureux effet. Si le pontet a été notablement agrandi et plus penté vers l’avant, la partie inférieure arrière a été considérablement raccourcie et réduite en hauteur du fait de l’introduction du chargeur par le dessus. Cette disposition permet de porter le centre de gravité du pistolet vers l’avant afin de minimiser le relèvement. La partie supérieure arrière forme console recevant l’amortisseur, son ressort et sa vis de fixation. La hausse micrométrique déborde de quelques millimètres à l’arrière de la console, ce qui permet de porter la longueur de la ligne de mire à 245 millimètres. La large planche de hausse, à cran de mire carré, se règle verticalement et horizontalement par des vis “à clics”. La partie antéro-supérieure comporte une fourrure en acier bronzé dans laquelle vient prendre la goupille de fixation du canon. Ce dernier, en acier d’ar- 21

3900 – 3E100 Réglages du départ : 3520 – Vis de position de queue de détente 3800 – Vis de réglage du jeu entre la biellette et la gâchette 3900 – Vis de réglage de la course morte après le départ (Photo L Dauviec.) murerie bronzé, vient, par un épaulement, porter contre la face avant de la carcasse. De section circulaire, il est percé, dans sa partie postérieure, de cinq évents qui se poursuivent dans la carcasse afin d’évacuer une partie des gaz de combustion de la poudre, éliminant ainsi une partie du recul. Ces évents sont filetés pour recevoir des vis permettant le dosage de cette évacuation. Le verrou de chargeur, en acier bronzé quadrillé, se situe juste en arrière de la branche inférieure du pontet. La platine mécanique, bien que différente de celle du D.E.S. 69, présente des pièces de forme similaire tels le chien, le ressort de chien et sa tige de guidage entre autres. La large queue de détente, striée longitudinalement et plus galbée dans le bas que celle du D.E.S. 69, commande une platine à simple effet dont les réglages sont cependant moins nombreux que sur le pistolet “Standard U.I.T.” comme nous le verrons plus loin. Contrairement au D.E.S. 69, le pistolet de vitesse 823- U ne comporte ni sûreté facultative ni avertisseur de fin de chargeur, ce dernier étant remplacé par une arrêtoir de culasse permettant de maintenir la culasse ouverte à la demande. Le fourreau et son contrepoids : Afin d’habiller et d’alourdir la partie avant de l’arme, un fourreau en acier bronzé de 340 grammes vient gainer le canon et se reprendre sur la carcasse où il est fixé par deux goupilles roulées en acier. Largement étoffé et de section trapézoïdale, il comporte un logement 22 destiné à recevoir un contrepoids addi- 3520 tionnel en fer d’un poids de 160 grammes. Le logement est obturé à l’avant par un bouchon fileté verrouillé en fin de course par un doigt poussé par un ressort. La partie supérieure avant porte une queue d’aronde où se monte un guidon carré dérivable latéralement. La partie supérieure arrière est percée de cinq orifices prolongeant les évents du canon et de la carcasse comme nous l’avons vu plus haut. La culasse équipée : Elle est de dimensions modestes et relativement légère. Usinée dans un bloc d’acier, elle porte le percuteur et son ressort. Une butée solidarise percuteur et ressort à la culasse. La partie supérieure est striée pour permettre l’ouverture manuelle de la culasse pour la mise en place du chargeur et l’armement manuel. Deux logements sont percés de part et d’autre du logement de percuteur et reçoivent les ressorts récupérateurs et leur guide. Les ressorts récupérateurs et leur guide : Vu le faible poids de la culasse, le peu de puissance de la munition de.22 court et les évents percés dans le canon, ils sont de taille relativement restreinte et placés de part et d’autre du percuteur. Leurs guides viennent se placer dans des logements cylindriques forés dans l’amortisseur. L’amortisseur et son ressort : En acier bronzé il “encaisse, grâce à son ressort, le peu d’énergie résiduelle de la culasse en fin de course arrière. Il est maintenu dans la console arrière de la carcasse par la vis. Sa face avant est usinée de telle façon qu’elle puisse venir intercepter le chien dans sa retombée, à la demande, pour permettre le “tir à sec” comme on le verra à la rubrique “Réglages”. La poignée anatomique : Bien que d’apparence monobloc, elle est en fait constituée par deux blocs de noyer collés puis taillés avec surfaces grenées permettant la retouche pour mise en conformité avec la main du tireur. Cette poignée totalement enveloppante est fixée par deux vis prenant sur la console arrière de la carcasse et par une longue vis Allen venant se visser dans la partie inférieure de la carcasse. C’est cette poignée ainsi que l’appuimain qui font la différence entre le pistolet n°710 pour droitier et n°711 pour gaucher. Sur le modèle pour droitier, le côté droit de la poignée porte un rail en alliage léger dans lequel coulisse un écrou rectangulaire retenant. la vis de fixation de l’appui-main. L’appui-main : Lui aussi en noyer, il est réglable en fonction de la largeur de la main du tireur. Le chargeur : En tôle d’acier bronzé, il diffère totalement de celui du D.E.S. 69 et s’introduit par le dessus de l’arme. Le côté droit présente une échancrure dans laquelle coulisse un bouton solidaire de l’élévateur en acier poli. Le ressort d’élévateur, de type hélicoïdal est guidé par une tige cylindrique fixée au fond de chargeur et servant de butée à l’élévateur dès que les 5 cartouches de.22 court sont en place. DÉMONTAGE Dépose de l’amortisseur : – Ouvrir la culasse en la ramenant en arrière et la bloquer par l’arrêtoir de culasse qu’il faut soulever vers le haut. – S’assurer qu’il ne reste plus de cartouche dans la chambre. – Appuyer sur le verrou de chargeur. Sous l’action d’un ressort interne en corde à piano, le chargeur est éjecté vers le haut hors de la carcasse. – Défaire les deux vis de fixation de poignée ainsi que la vis Allen. – Déposer la poignée anatomique avec l’appui-main en les tirant vers le bas en arrière. – Pousser l’amortisseur vers l’arrière et retirer les ressorts récupérateurs et leur guide. – Défaire la vis de fixation d’amortisseur. – Repousser le chien vers le canon et dégager l’amortisseur et son ressort vers l’avant. Dépose de la culasse équipée : – Après avoir déposé l’amortisseur et son ressort comme indiqué ci-dessus, armer le chien. – Amener la culasse en fin de course

H F E mo, B Q C F – 4eig bre – – 4 L A Les principaux éléments du’DES. 823 -U” partiellement démonté : A – Ensemble carcasse/canon/platine B – Fourreau C – Contrepoids D – Culasse équipée E – Ressorts récupérateurs (2) F – Guides de ressort (2) G – Amortisseur (pivoté de 90o pour la photo) H – Ressort d’amortisseur I – Poignée anatomique J – Appui-main K – Chargeur L – Vis d’amortisseur M – Hausse micrométrique N – Verrou de chargeur (non représenté) O – Goupilles roulées (2) P – Bouchon de fourreau O – Guidon R – Vis de fixation de poignée S – Vis de fixation de poignée (2) T – Vis de fixation d’appui-main U – Vis d’évent (3) V – Tournevis W – Clé Allen j outillage arrière pour la sortir vers le haut en ayant pris soin de soulever la biellette séparatrice au passage de la culasse. T Dépose du percuteur : – Après avoir sorti la culasse équipée comme indiqué ci-dessus, pousser le percuteur vers l’avant et dégager la butée afin d’extraire le percuteur et son ressort. Dépose du contrepoids : – Repousser le doigt de blocage dans la partie inférieure avant du fourreau pendant que l’on dévisse, à l’aide d’un tournevis, le bouchon fileté (P). – Sortir le contrepoids vers l’avant. Le pistolet automatique de vitesse olympique Unique “DES. 823-U” côtés gauche et droit. (Photo L Dauvieci Dépose du fourreau : – A l’aide d’un chasse-goupille de dimensions convenables, chasser les deux goupilles roulées. – Avec un tournevis, défaire les trois vis d’évent. – Retirer le fourreau vers l’avant. Pour ces deux dernières déposes, il n’est pas nécessaire d’enlever la poignée anatomique. Le remontage s’effectue en ordre inverse du démontage. Ne pas oublier de pousser la biellette séparatrice vers la bas lors de la remise en place de la culasse. Les guides de ressorts récupérateurs sont à loger dans l’amortisseur. RÉGLAGES Tir “à sec” : Afin de ne pas endommager le percuteur par des frappes répétées du chien lors de tirs fictifs, le pistolet 823 – U est, comme le D.E.S. 69, doté d’un dispositif spécial. Pour pouvoir pratiquer le tir “à sec” : – Armer le chien, – Soulever la planche de hausse puis desserrer la vis de fixation d’amortisseur jusqu’à ce que la face avant de l’amortisseur vienne intercepter le chien dans sa retombée vers le percuteur. – Armer le chien manuellement pour chaque tir.

PALMARÈS DES PISTOLETS “UNIQUE” DE VITESSE OLYMPIQUE France : Championnats de France : 1er : 1974- 1975- 1979- 1980- 1981 Record national : 597 points Jeux panaméricains : 1er : 1975 Jeux méditerranéens : 1er : 1979 Jeux centraméricains : 1 : 1981 Réglages du départ : a) Réglage du jeu entre la biellette séparatrice et la gâchette : – Visser ou dévisser la vis. ID) Réglage de la course morte après le départ : – Agir sur la vis. – Après le départ au plus juste, desserrer la vis de deux clics pour libérer le départ. cl Réglage de la position de la queue de détente : – Desserrer la vis et faire coulisser la queue de détente en place sur le bloc de détente. – Une fois la queue de détente à sa position correcte, serrer la vis. d) Réglage de la pression sur le ressort de gâchette : – Agir sur la vis. Réglage des instruments de visée : a) Réglage de la hausse micrométrique : – Tourner les vis de réglage en sens horaire pour : – descendre le point d’impact, – déplacer le point d’impact vers la gauche. ESSAIS Nous n’avons pas la prétention de nous ériger en juge champion, que nous sommes loin d’être, pour disserter savamment de la précision et des groupements du pistolet “Unique 823 – U”. Ne disposant pas sur le pas de tir de ciblerie pour vitesse olympique, nous avons donc essayé l’arme à 25 mètres sur la cible U.I.T. précision à cette distance. La munition utilisée était de la cartouche RWS R. 25 en.22 court. D’entrée les 5 premières balles sont dans le noir à 8 heures. Deux petits “clics” à chacune des vis de réglage de la hausse ramènent les points d’impact vers le 10. Pour plus de certitude nous confions le pistolet à l’un des moniteurs du stand de laC.T.P.N. pour une série de 4 fois 5 cartouches en précision. Les deux premières cartouches sont des 9, les 18 autres sont des dix. IMPRESSIONS PERSONNELLES : Après avoir “enfilé” la main dans la poignée anatomique, l’on se rend compte 24 que le canon est très bas sur la main. A Chargeur B Ligne de mire C Départ de détente D Carcasse E Culasse F Amortisseur G Canon H Arrêtoir de culasse I Tir à sec ✓ Fourreau K Contrepoids additionnel L Poignée anatomique M Appui-main réglable FICHE TECHNIQUE DU PISTOLET DE VITESSE OLYMPIQUE UNIQUE D.E.S. 823 — U Calibre :.22 Court Principe de fonctionnement : semi-automatique par effet de recul. Platine à simple effet. Longueur totale : 290 mm. Hauteur totale : 135 mm. Épaisseur totale : 50 mm env. Poids total (avec contrepoids) : 1,230 kg. Alimentation : par chargeur amovible de 5 cartouches, introduit par le dessus. Canon : fixe, cylindrique de 150 mm de long, 12 microrayures à droite au pas de 449 MM. Instrument de visée longueur de la ligne de visée : 245 mm. guidon : carré, dérivable latéralement. cran de mire : carré, réglable latéralement en hauteur par vis micrométriques à “clics”. Poids du départ (réglage d’usine) : 200 grammes environ. Possibilité de tir à sec. Pas d’avertisseur de fin de chargeur ni de sûreté facultative. Protection : à l’exception de la carcasse en alliage léger sablé, la queue de détente polie et striée verticalement sur sa face avant, les pièces de la platine et le rail d’appuimain, toutes les pièces métalliques sont bronzées “noir de guerre”. Le noyer de la poignée, grené sur les surfaces de contact avec la main, est huilé. Vue de dessus de/”arme montrant, de haut en bas : les trous d’évents du canon, la culasse et ses deux ressorts récupérateurs de part et d’autre du chien et enfin la hausse micrométrique. (PhotoL. Dauviec.) Le devers de la poignée, à droite pour droitier et à gauche pour gaucher, amène le canon instantanément en ligne de visée. Grâce au contrepoids, à la masse du fourreau et aux évents du canon, l’arme ne se dépointe absolument pas. La culasse, un peu “noyée” dans la poignée, ne se manoeuvre pas très facilement et la mise en place du chargeur par le haut, avec culasse bloquée par l’arrêtoir de culasse, peut poser quelques petits problèmes au début. Mais cela est bien mineur ; une fois encore, comme avec le D.E.S. 69, Unique semble avoir sorti une nouvelle “machine à faire les points” que nous verrons très certainement accéder aux podiums internationaux, une place fort enviable pour une industrie armurière française qui a bien besoin, à l’heure actuelle, de redorer son blason.

 

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